En octobre 1994, j'assistai au Centre culturel de Braine l’Alleud à une représentation d'Extrêmes, un spectacle qui mettait en synergie la peinture d'Hélène GRULET et l'interprétation au piano d'oeuvres du début du siècle par Jean HILGER. Ces deux artistes avaient fondé une association nommée Jamais de visite guidée. D'où le titre de ce documentaire. Durant le spectacle, je me mis à imaginer que le jeu amour-haine entre homme et femme (mis en scène par les protagonistes) symbolisait en réalité la dialectique entre la peinture et la musique, entre le silence immobile de la peinture et le flux chronométré de la musique.
Ma curiosité était éveillée. Suffisamment pour entreprendre un petit voyage à travers les entrelacs de la musique et de la peinture durant une petite période du 20me siècle, dans un petit coin du monde.
Visite sans guide, certes, mais non sans références, ni fil rouge. Arts visuels et arts auditifs courent à la fusion, à la correspondance, à la simultanéité. Pour l'art ou pour la vie ? Art total ou mort des arts ?
La peinture apprend-elle à regarder au delà de la peinture ? La musique apprend-elle à écouter au delà de la musique ?
VISITE SANS GUIDE cristallise quelques stations de ce voyage, 34 en fait, de longueur très variable, chacune constituant une unité.
L'ordre des 34 séquences a été fixé par une méthode de hasard. Il est impératif que le programmateur, à la radio, ou l'auditeur chez lui détermine lui-même le nombre de séquences à écouter et surtout l'ordre dans lequel elles seront écoutées. Le choix peut être totalement aléatoire, tiré au sort, joué aux dés, ou établi à partir d'une réflexion sur les signalements des séquences. Chacune des séquences est en effet signalée par un mot, un nombre et un chiffre (voir ci-dessous). En cas de fatigue, ne craignez pas d'interrompre l'audition.
Il n'y a aucun ordre parfait. Chaque écoute sera donc différente et renouvelée, fragmentaire ou intégrale; jamais le résultat ne sera identique.
Prenez vos crayons et du papier, dessinez pendant que vous écoutez. L'essentiel est de se réjouir infiniment à la perspective que nos yeux et nos oreilles sont intelligents et que nous sommes responsables de leur acuité sans cesse renouvelée.
Marcel XHAUFFLAIRE, février 1997.